Au compte goutte on sauve des patients « extrêmes » par les phages. La presse rapporte cela mais où est le questionnement ? Si l’on sauve un patient alors on peut en sauver 10, 100, mille qui attendent la mort, l’amputation, l’invalidation par bactérie multirésistante aux antibiotiques.
L’article est dans Sciences et avenir du 20 mars 2019 et il est signé AFP + Romain Lafabrègue.
Il décrit le parcours du combattant du Professeur Tristan Ferry pour débarrasser un patient d’une bactérie multirésistante aux antibiotiques par la phagothérapie.
Notre propos 1. Résumer les phases de l’exploit 2. Souligner le scandale de la quasi non-utilisation des phages en France
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On ne peut soigner que les patients mourants
C’est ce qu’a décidé l’ANSM en 2016. (1) (2) - Le Professeur Tristan Ferry fait une demande d’ATU Autorisation Temporaire d’Utilisation des phages
C’est à dire que le travail est piloté depuis un bureau à Saint-Denis 93 où des technocrates qui n’ont rien compris à la phagothérapie prennent des décisions.
Le Professeur Tristan Ferry doit se « soumettre ». - On essaie les phages « standards » …
… quelques types de phages proposés par la start-up française Pherecydes Pharma puis ceux d’AmpliPhi Biosciences USA. Ce ne sont pas les bons.
En effet il y a environ 7 mille sortes de phages. (3) - On trouve des phages en Suisse
Alors que la France a été le lieu d’invention et de développement de la phagothérapie, c’est vers Grégory Resch – chercheur français installé à Lausanne – que l’on doit se tourner.
Avec patience, Grégory constitue une « bibliothèque de phages » en attendant que la phagothérapie soit autorisée. Il attaque les bactéries de Monsieur M. avec 80 phages différents : trois modèles de phages viennent à bout des bactéries.
Mais Grégory n’est pas en Europe, il faut cultiver les phages en Europe !!! - Cultiver les phages suisses en Belgique !
Non, lecteur, tu n’es pas sur Rire et Chansons, tu es dans l’univers kafkaïen, ubuesque, surréaliste du Système de santé français.
On sait cultiver les phages en France mais on n’a pas droit de le faire !!! (4)
L’hôpital militaire Reine Astrid de Bruxelles n’a pas plus le droit de cultiver des phages mais il fait jouer la convention d’Helsinki.
Et un phage belge peut être utilisé en France : grandiose ! - L’ANSM vérifie la qualité des phages produits
Nous avons souligné, dès le début de notre travail en 2018, que l’ANSM n’est pas capable de mettre une bibliographie dans son rapport de décision d’utilisation au compte goutte des phages.
Pour savoir « vérifier la qualité des phages » faut une bibliographie des savoirs et savoirs-faire. Où est-elle ?
Nous attendons avec impatience la publication de qualité académique sur l’art de la vérification de la qualité des phages !!! (5) - On injecte des antibiotiques en même temps que les phages
Alors que l’on ne sait pas si les antibiotiques n’entravent pas l’efficacité des phages !!! (6)
Est-il besoin de commenter ?
Depuis plus d’un siècle, le nombre de patients soignés par phagothérapie est incalculable – quelques millions ?
En effet, dans les pays de l’ancien empire soviétique, les phages sont disponibles dans les pharmacies pour quelques euros.
Si les phages standards ne fonctionnent pas, alors on test des phages pris dans les bibliothèques. C’est assez routinier. Les bibliothèques dont on parle souvent sont en Géorgie, Pologne et Russie.
En France 300 mille titulaires du bac Technicien de laboratoire savent cultiver des phages. C’est remarquablement simple.
La phagothérapie est le plus souvent simple à mettre en oeuvre.
Les cas plus difficiles sont décrits dans des publications académiques nombreuses.
Pourtant le corpus de ces publications n’a pas été réuni alors qu’il est indispensable pour former les équipes qui utilisent des phages. (7)
Notes
(1) L’ANSM balaie d’un revers de manche plus d’un siècle de pratique et de recherche – voir histoire de la phagothérapie.
(2) L’ANSM présente la phagothérapie comme une » nouvelle science « . Nouvelle science pour laquelle il faut des cobayes : on prend des mourants. Du coup on va tirer des conclusions totalement fausses des recherches. En effet un mourant a plusieurs raisons de mourir, pas seulement l’infection bactérienne !!!
(3) Il y a des bactéries plus présentes dans les infections que d’autres. D’où l’idée de phages « standards ». Le risque est de masquer le fait que la bactérie est d’abord « unique » et qu’il faut trouver son phage « unique ». Donc cultiver des phages localement.
(4) En particulier à l’Institut Pasteur, dans les centres de recherche de l’armée française, à l’INRA.
(5) Lorsque Jim O’Neill étudie la résistance des bactéries aux antibiotiques, chaque assertion est soutenue par une publication académique. A l’ANSM on se dit « scientifique » et ça suffit. Pour qui ?
(6) Tout se passe comme s’il y avait une terreur que les phages remplacent les antibiotiques. Or leurs champs d’application, leurs modes d’application sont disjoints. Il n’y a pas concurrence entre phages et antibiotiques.
Là où les antibiotiques échouent, on utilise des phages.
Là où un antibiotique est dangereux pour un patient, on utilise un phage.
(7) Là encore c’est grandiose ! Un technicien de laboratoire qui a le bac depuis 2011 a appris à cultiver des phages. Un médecin ne sait rien de la phagothérapie !!! Le professeur Tristan Ferry 1. Doit se former lui-même 2. Est entouré de collaborateurs qu’il doit former !!!
Bien sûr, au détriment de sa mission de soin et d’encadrement.
Et pendant ce temps, que se passe-t-il dans les instances de formation ?
Où est le DU de phagothérapie pour médecin ?
Où est le DU de culture des phages pour pharmacien biologiste ?
Image: Le phage HK 97 WikiMédia US Department of energy
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Une réflexion sur “Un exploit et un scandale !”