Phages : une malédiction

Malédiction a ici le sens de « discours gratuit disqualifiant ». Il n’y a aucun doute que, depuis plus d’un siècle, la phagothérapie est maudite.
Le paradigme du système bactérie-phage est unique. Il défie le paradigme de la paire bactérie-antibiotique. Ce dernier est associé à plusieurs mythes.
Le mythe de la domination de l’homme sur la bactérie, ce mythe est battu en brèche depuis le début de l’usage des antibiotiques mais ce mythe est toujours présent dans trop de discours.
Mythe de l’industrie comme source unique des bienfaits pour l’homme. La culture des phages à la carte vient attaquer ce mythe et les zélateurs du « tout industrie » ne s’en remettent pas.
Le paradigme bactérie-phage est au mieux mal enseigné, au pire absent des programmes de formation des médecins et des biologistes. Ces derniers sont convoqués à donner leur opinion sur le paradigme bactérie-phage et ne savent pas dirent la vérité : « nous n’avons pas compris !« 
Alors la phagothérapie fait l’objet d’un acharnement totalement incompréhensible.
Des gens qui se disent « scientifiques » « rationnels » quittent tout bon sens dès qu’ils parlent du paradigme de la phagothérapie.

Surtout, ne pas parler des bon virus !

Les bons virus aident les humains à lutter contre des maladies. On ne parle d’eux que du bout des lèvres. On le voit dans l’article WikiPédia sur un bon virus contre l’hépatite C et le VIH.
La malaria est provoquée par un protozoaire que tue un virus : Jean Patterson a identifié le phénomène.
Le Seneca virus, quant à lui, détruit certains types de cellules cancéreuses.
Un virus est extrêmement spécifique. Il détruit une sorte de cellule ou de micro-organisme et pas une autre.
Les phages, eux aussi, sont des bons virus qui tuent les bactéries et rien d’autre.
Tout auteur qui emploi le mot « virus » dans un article sur les phages devrait introduire la notion de « bon virus spécifique » comme je viens de le faire.
Trop souvent il n’en est rien.
Effrayer les gens avec le mot « virus » semble très excitant pour certains auteurs.
C’est affligeant que des comité de lecture de publications académiques laissent passer cela !

1963 : assassinat des phages à Berkeley

Gunther Stent, professeur à Berkeley, ignorant profondément la pratique de la phagothérapie, lui adresse plusieurs critiques.
Chacune de ces critiques peut être réfutée par un débutant.
Exemples
Stent : Le système immunitaire lutte contre les phages.
Réfutation : Cela se produit seulement dans certains cas et souvent après que les phages ont éliminé les bactéries !!!
Stent : L’acide gastrique détruit les phages.
Réfutation : C’est sans importance ! On sait réaliser des gélules gastro-résistantes dont le contenu est libéré une fois passé l’estomac ! Par ailleurs l’utilisation des phages se fait directement sur les plaies, par intraveineuse, etc.
Stent : Certaines bactéries savent résister à certains phages.
Réfutation : C’est marginal et il suffit d’utiliser un second phage !
On se demande :
1. Pourquoi Stent s’attaque de cette manière à la phagothérapie ?
2. Pourquoi cette attaque a eu un écho alors qu’elle ne tient pas debout ?
Comme dit plus haut, cela tient à l’exotisme du paradigme bactérie-phage.
Stent pense qu’il peut étudier les phages sans quitter son paradigme ordinaire.
On voit que ce n’est pas possible.
Tous les auteurs qui restent dans leur paradigme ordinaire disent, comme Stent, des absurdités !!!

Une histoire de Guerre froide

La phagothérapie a une autre originalité très importante.
C’est une thérapie fondamentale pour l’humanité qui a été perdue en Occident tandis qu’elle était développée dans l’Empire soviétique.
Une palette d’auteurs attribue le discrédit sur la phagothérapie au fait que trop d’Américains – trop de Français aussi – ne veulent pas reconnaître qu’il y a de bons chercheurs en Russie et dans la région.
Donc qu’il y a de bonnes publications académiques sur la culture des phages et la phagothérapie.
Une telle attitude est criminelle : les travaux en russe et en géorgien ne sont pas traduits.
On refait les recherches déjà faites et, pendant ce temps, des milliers de patients meurent, sont amputés ou invalidés.
Refaire des décennies de recherche coûte une fortune, on n’a pas le budget pour le faire !

Etre ignorant et donner son avis

Lorsque qu’un chercheur ne peut pas, ne veut pas, ne sait pas sortir de son paradigme habituel, il ne peut pas acquérir les connaissances indispensables pour comprendre le paradigme bactérie-phage.
Il y a donc des gens pas formés du tout qui, cependant, n’hésitent pas à avoir un avis sur la phagothérapie à laquelle ils n’ont rien compris.
Il faudrait former les biologistes, les médecins, les responsables de l’assurance santé, les chercheurs, les fonctionnaires des agences de santé, les financeurs publics et privés.
Il faudrait que tous ces acteurs aient une base commune.
Par exemple que l’on cesse de confondre les phages-gardiens avec les phages-mutateurs.

Blâmer l’autre !

En 2003, un projet de collaboration entre les instituts géorgiens et une start-up américaine échoue. Le patron de la start-up décrit les Géorgiens comme des arriérés.
Bonne pub pour la phagothérapie !

La preuve par la méthode dite « double aveugle »

C’est une méthode qui est :
Possible : Si un médicament peut être doublé d’un placebo qui lui ressemble – exemple, donner de l’aspirine à un patient et un placebo à un autre autre patient.
Le médecin ne sait pas lequel des deux patient reçoit le principe actif, lequel reçoit le placébo. Le malade non plus d’où l’expression de « double aveugle ».
Impossible : Quand on n’a pas deux patients avec un problème identique. C’est le cas de l’infection bactérienne où chaque cas est spécifique. Les phages à la carte sont cultivés pour un patient précis et pas pour son voisin !
Les bactéries ont un très grand nombre d’espèces. Chaque infection est spécifique. On ne peut pas constituer de cohorte.
Analogie
Pour étudier tel type de plâtre pour réduire une fracture osseuse on ne fait pas d’étude en double aveugle.
D’abord parce que le plâtrier sait qu’il fait un plâtre différent à 2 patients.
Ensuite parce qu’il n’existe pas deux fractures identiques.
Les connaissances sur les plâtres sont donc l’addition de cas uniques.
L’enseignement se fait avec quelques généralités et beaucoup de descriptions de cas.
C’est la même chose pour la phagothérapie.
Demander que la phagothérapie soit obligatoirement standardisée c’est comme faire le même plâtre pour toutes les jambes cassées : c’est totalement fou !
Exiger que l’efficacité des phages soit prouvée par des expériences en double aveugle est totalement absurde !
Et pourtant cela s’écrit en permanence !!!
Il y a erreur grave de paradigme.

Quand la survie du patient passe au second plan

Dans le Journal of the American Medical Association JAMA la phagothérapie a fait l’objet d’attaques en règle – voir en fin des références.
Dans ce type d’attaque, il est remarquable que l’article ne commence jamais par l’exposé du problème : « des milliers de patients sont en danger de mort, d’amputation, d’invalidation parce qu’ils sont affectés par une bactérie multirésistante aux antibiotiques.« 
Nous avons vu, dans un précédent article, que les agences – FDA, ANSM – font comme si il pouvait arriver au patient pire que la mort !!!
On n’autorise pas le phage qui va sauver le patient sous prétexte qu’il y a un infime risque que la patient attrape, par exemple, une angine virale.

Le paradigme de la thérapie industrielle

Depuis le début de notre enquête – juin 2018 – nous avons été frappés par cette tentative de faire entrer – aux forceps – la phagothérapie dans le paradigme industriel.
Plus précisément dans le paradigme des médicaments de synthèse produits à la chaîne. Il existe deux situations très différentes pour les phages et la phagothérapie.
1. Les phages standards – un petit nombre de types de phages contre un petit nombre de bactéries – ont vocation à être cultivés « en masse ».
Mais cela n’a rien à voir avec la fabrique de médicaments et des règles spécifiques doivent être édictées pour les phages en pensant « paradigme spécifique ».
2. La culture des phages à la carte. Cela ressemble plus à du jardinage qu’à de l’industrie !!!
On peut comparer la situation de l’usage de phages à la carte à celle de la transfusion ou de la transplantation … en plus simple.
Là aussi des règles spécifiques doivent être élaborées.

Il n’y a que des cas uniques !

C’est la réalité pure et dure de la recherche sur la phagothérapie.
Donc les chercheurs ne publient que des cas uniques.
Et les chercheurs s’excusent de ne produire que des cas uniques !!!
C’est totalement absurde !
On trouve dans la littérature académique polonaise, russe et géorgienne des études sur des milliers de cas.
Ces études sont des additions de cas uniques.
Les agences – FDA, ANSM, etc. – méprisent ces études.
Le discours est donc fou !
On dit en permanence une chose et son contraire.

Conclusion

On voit donc que quantité de gens s’acharnent contre la phagothérapie avec, dans 100% des cas, des arguments pseudo-académiques.
Tous ces non-arguments sont kafkaïens, ubuesques, absurdes et les agences sanitaires – FDA, ANSM, etc. – s’en servent pour prendre la décision de laisser mourir, amputer, invalider des milliers de patients.
Pour sortir de cela il faut former « tout le monde » afin que le paradigme bactérie-phage soit compris.
Pour que les gens acceptent de se former, ils faut qu’ils sachent, puissent, veuillent sortir de leur paradigme habituel.
Ainsi se présente la malédiction de la phagothérapie, malédiction qui est partagée par tout chercheur qui ouvre la voie vers un nouveau paradigme.

Références
En amont : Häusler T. Phages Make for Jolly Good Stories. Viruses. 2018 Apr 20;10(4):209. doi: 10.3390/v10040209. PubMed PMID: 29677137; PubMed Central PMCID: PMC5923503. En ligne en 2018.
J’ai presque gardé le plan de Häusler mais, sur plusieurs points, j’ai une perspective différente de la sienne.
Je sélectionne, ci-après, une partie des références qu’il propose + j’en ajoute.

Bruna-Romero Oscar, Gloria Gonzalez-Aseguinolaza, Julius C. R. Hafalla, Moriya Tsuji, and Ruth S. Nussenzweig Complete, long-lasting protection against malaria of mice primed and boosted with two distinct viral vectors expressing the same plasmodial antigen Proceedings of the National Academy of Sciences Sep 2001, 98 (20) 11491-11496; DOI:10.1073/pnas.191380898
https://www.pnas.org/content/pnas/98/20/11491.full.pdf
Brüssow H. What is needed for phage therapy to become a reality in Western medicine? Virology. 2012;434:138–142. doi: 10.1016/j.virol.2012.09.015. [PubMed] [CrossRef] [Google Scholar]
Häusler T. (Swiss Public Radio, Basel, Switzerland). 2000–2006. Unpublished data from interviews with researchers.9. Stent G. Molecular Biology of Bacterial Viruses. Freeman; San Francisco, CA, USA: 1963.[Google Scholar]
Häusler T. Viruses vs. Superbugs: A Solution to the Antibiotics Crisis? Palgrave Macmillan; London, UK: 2006. pp. 179–184. [Google Scholar]
Marsa L. Los Angeles Times; 2003. [(accessed on 7 April 2018)]. Enlisting Viruses to Battle Bacteria. Available online: http://articles.latimes.com/2003/mar/31/health/he-lab31. [Google Scholar]
Radetzky P. The good virus. Discover Magazine. Nov 1, 1996.
Raettig H.J. Bakteriophagie 1917–1956. Gustav Fischer; Stuttgart, Germany: 1958. [Google Scholar]
Raettig H.J. Bakteriophagie 1957–1965. Gustav Fischer; Stuttgart, Germany: 1967. [Google Scholar]
Schooley R.T., Biswas B., Gill J.J., Hernandez-Morales A., Lancaster J., Lessor L., Barr J.J., Reed S.L., Rohwer F., Benler S., et al. Development and use of personalized bacteriophage-based therapeutic cocktails to treat a patient with a disseminated resistant Acinetobacter baumannii infection. Antimicrob. Agents Chemother. 2017;61:e00954-17. doi: 10.1128/AAC.00954-17. [PMC free article] [PubMed] [CrossRef] [Google Scholar]
Stent G. Molecular Biology of Bacterial Viruses. Freeman; San Francisco, CA, USA: 1963.[Google Scholar]
Summers W.C. The strange history of phage therapy. Bacteriophage. 2012;2:130–133. doi: 10.4161/bact.20757. [PMC free article] [PubMed] [CrossRef] [Google Scholar]
Weber L. Huffpost; 2017. [(accessed on 7 April 2018)]. Sewage Saved This Man’s Life. Someday It Could Save Yours. Available online: https://www.huffingtonpost.com/entry/antibiotic-resistant-superbugs-phage-therapy_us_5913414de4b05e1ca203f7d4. [Google Scholar]

Anonymous. Editorial. JAMA. 1931;96:693. [Google Scholar]
Anonymous. Editorial. JAMA. 1932;98:1190. [Google Scholar]
Anonymous. Editorial. JAMA. 1933;100:1431-2, 1603-4. [Google Scholar]

Laisser un commentaire